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Note économique – Octobre 2025

L’économie algérienne entre dans une phase de consolidation rare pour la région : stabilité monétaire, réindustrialisation et repositionnement géopolitique.

Alexandra Nadia Richert

Algérie 2026 : l’économie d’équilibre

Note économique – Octobre 2025


Le moment algérien : stabilité et projection

L’économie algérienne entre dans une phase de consolidation rare pour la région : stabilité monétaire, réindustrialisation et repositionnement géopolitique.Après plusieurs années de dépendance contrainte à la rente énergétique, l’État convertit désormais ses excédents en leviers budgétaires : 31 milliards de dollars de recettes hydrocarbures à fin septembre 2025, intégralement réinvestis dans les infrastructures et la diversification.

L’inflation, contenue à 2,7 % en août, traduit un ajustement maîtrisé des prix alimentaires et de l’offre monétaire.L’objectif de 5 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures en 2025 marque la sortie d’un modèle exclusivement extractif.La stabilité budgétaire repose sur un choix politique : refuser l’endettement extérieur et ancrer la croissance dans les capacités internes — énergie, agriculture, industrie, numérique.

Lecture Advocaciz / Business Public Affairs :L’Algérie entre dans une décennie d’équilibre : souveraineté financière, continuité énergétique, et ouverture pragmatique à l’investissement international.
Les fondamentaux d’une économie de confiance

La trajectoire 2025-2026 s’appuie sur trois dynamiques clés :

  • Croissance estimée à 3,4 %, soutenue par la production manufacturière et l’investissement public.

  • Classement RMB : 7ᵉ destination africaine pour l’investissement, en progression de trois places.

  • Cadrage budgétaire 2026 : baril fiscal à 60 dollars, 17 636 milliards DA de dépenses publiques, prioritairement orientées vers l’industrie et l’innovation.

L’économie informelle, estimée entre 30 et 35 % du PIB, devient le principal réservoir de croissance structurelle, via la bancarisation, l’entrepreneuriat individuel et la formalisation des microactivités.

La politique monétaire reste prudente et internalisée : contrôle des liquidités, priorité aux crédits d’investissement, régulation du change.

Lecture stratégique :Le pays privilégie la prévisibilité : inflation basse, stabilité monétaire, marges budgétaires restaurées. Ce socle crée un environnement de décision propice aux partenariats industriels et aux implantations étrangères.
Les filières de transformation
Énergie

Le secteur reste la colonne vertébrale du modèle économique, mais sa gouvernance évolue :13 découvertes pétrolières en huit mois, contrats de plus d’un milliard de dollars avec Petrojet à Hassi Bir Rekaïz, partenariats structurants avec ENI, Midad Energy, ExxonMobil et Chevron.Un appel d’offres d’exploration est prévu pour 2026.Le gaz reste un outil diplomatique autant qu’énergétique : flux accrus vers l’Italie et la Tchéquie, diversification logistique et préparation d’une filière solaire.

Industrie

Un plan national de modernisation industrielle engage une recomposition du tissu productif :Relance du complexe sidérurgique d’Ouled Moussa, expansion de Tosyali, repositionnement du textile via Getex et Alger Textile 2025, et montée en gamme dans les matériaux de construction et la plasturgie.Le discours économique glisse de la protection à la compétitivité.

Agroalimentaire

L’agriculture se structure autour d’une logique d’autonomie : complexe Kotama Agri Food à Jijel, filière oléagineuse stratégique, contrats d’exportation à Madrid, rationalisation des importations agricoles et pharmaceutiques.

Finance et assurance

Le crédit à l’investissement devient moteur : réduction des taux d’intérêt, croissance de 8,1 % du marché des assurances, et lancement de produits de cyberassurance pour les entreprises.Les discussions autour de l’ouverture de succursales de la BEA en France illustrent l’émergence d’un axe financier bilatéral euro-méditerranéen.

Numérique et connectivité

Le câble sous-marin Medusa incarne la nouvelle souveraineté numérique : ancrage africain et accès européen.La généralisation du dossier patient électronique et la régulation du commerce en ligne témoignent d’un État en transition digitale, pragmatique et centré sur la sécurité des données.

Tourisme et services

Oran, désignée meilleure ville touristique émergente d’Afrique, devient laboratoire de l’économie de services.La rénovation hôtelière progresse, tandis que des projets agroinnovants (comme l’exportation d’escargots) diversifient la base productive.

Lecture Advocaciz / Business Public Affairs :Les secteurs stratégiques se recomposent sous impulsion publique, mais avec une porosité accrue aux capitaux étrangers. Les alliances ciblées sont encouragées, à condition de contribuer à la souveraineté productive.

Capital humain et gouvernance : la crédibilité par la réforme

L’Algérie s’appuie sur un capital humain jeune et formé :100 799 bénéficiaires de l’allocation chômage déjà insérés en emploi, 50 000 auto-entrepreneurs enregistrés depuis 2024, et plus d’un million de projets financés par l’ANGEM depuis 2004.Les walis obtiennent de nouveaux pouvoirs économiques dans l’attribution du foncier et la gestion des zones industrielles, accélérant la décision locale.La simplification administrative et fiscale renforce la crédibilité du cadre d’affaires.Les syndicats, via l’UGTA, posent la question des métiers menacés par l’IA, ouvrant le chantier de la reconversion.Sur le plan environnemental, la campagne nationale de 1,3 million d’arbres plantés symbolise la montée d’un agenda durable.

Lecture socio-économique :L’État reconstruit un contrat social productif : emploi, formation, autonomie locale, environnement. Cette réforme par l’exécution consolide la confiance des investisseurs comme des citoyens.

Perspective Advocaciz / Business Public Affairs

L’Algérie s’impose aujourd’hui comme le pivot industriel et logistique du Maghreb productif.Sa politique de souveraineté budgétaire, ses filières exportatrices et son capital humain en recomposition en font un territoire d’équilibre, à la fois stable et réformable.

Pour les entreprises européennes, le pays représente une base de proximité et de compétitivité pour accéder aux marchés africains.Pour les entrepreneurs algériens, il offre une porte d’entrée vers l’Europe, encadrée, lisible et soutenue politiquement.

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